lundi 30 juillet 2012

URBAN FARMER


Les potagers urbains sont à la mode. Dans ce pays du "jardin-pelouse", c'est une petite révoluton culturelle. Mais ce qu'on appelle aussi parfois "fermes urbaines" recouvre une multiplicité de contenus aux finalités diverses. A New York, faute d'espace au sol, certaines toitures sont désormais exploitées comme "champs" pour fournir aux habitants locaux -plutôt fortunés et attentifs à la qualité de leur nourriture- des légumes frais et indigènes. Des supermarchés concluent des accords d'exploitation de leur toiture avec des entreprises agricoles spécialisées; des ouvriers agricoles sont engagés. 

A Detroit, la logique est toute autre. La terre est largement disponible dans le périmètre même de la cité et la demande ne porte pas tant sur les fruits que sur l'activité elle-même; les acteurs sont les habitants. Les jardins potagers se multiplient ici comme autant de reconquète d'espaces laissés pour compte; le jardinage devient une dynamique collective d'appropriation de lieux perdus. C'est cette dimension sociale qui est souvent mise en avant par les "fermiers" locaux.

Parmi les pionniers de l'urban farming à Detroit figure Paul Weertz - le compagnon de notre hôte Julie. Professeur de sciences dans une école pour jeunes mères célibataires, ce sont des objectifs pédagogiques qui l'ont amené à fonder une ferme au sein même de son instution scolaire. "Mes inspecteurs m'obligeaient à faire des dissections en classe, opérations peu appréciées de mes étudiantes. Alors, j'ai commencé la ferme: potager, verger, ruches, élevage de petit bétail et de volaille. Les filles apprenaient la biologie et la chimie en travaillant la terre et en observant le comportement des animaux". Retraité depuis peu, Paul poursuit son activité agricole sur un grand lopin de terre à l'arrière de la rue dont il a acquis quelques maisons pour une peau de chagrin. Avec son tracteur Ford de 1964, Paul fait aussi des ballots de foin dans les prairies de Detroit. Et tous les samedis matins, il rejoint ses copains activistes au Farmers Restaurant proche du Eastern Farmer Market, le populaire marché fermier.  


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