La dernière étape urbaine de notre séjour
nord-américain sera donc Chicago, à environ 4 heures de route de Detroit. Avec
ses 3 millions d'habitants, Chicago (dans l'Etat d'Illinois, sur le Lac
Michigan) est la principale ville du Midwest et semble en avoir pompé les richesses (place financière mondiale des matières premières). La prospérité économique apparaît au premier coup oeil.
Le centre historique (Loop) comporte bien entendu un bel échantillon de
gratte-ciels historiques de type Beaux Arts, mais les récentes tours et les nouveaux espaces publics, soignés, propres et
brillants, lui confèrent une allure qui la rapproche davantage des nouvelles
villes asiatiques que de New York.
Autre élément qui frappe: le contrôle policier: patrouilles, caméras de rue et bornes installées à chaque
coin de rue. La réputation de ville du crime est définitivement effacée si l'on
en croit les chiffres publics de la criminalité. Voilà donc un environnement propice au tourisme classique (le secteur contribue au développement de la ville) et à la découverte des
trésors culturels anciens (les maisons prairie dans Oak Park) et nouveaux (Anish Kapoor,
...).
AND IT'S VERY FAR AWAY
NEW YORK, BOSTON, NEW ENGLAND, MAINE, MONTREAL, DETROIT, CHICAGO AND THE MIDWEST
jeudi 9 août 2012
lundi 30 juillet 2012
URBAN FARMER
Les potagers urbains sont à la mode. Dans ce pays du "jardin-pelouse", c'est une petite révoluton culturelle. Mais ce qu'on appelle
aussi parfois "fermes urbaines" recouvre une multiplicité de contenus
aux finalités diverses. A New York, faute d'espace au sol, certaines toitures
sont désormais exploitées comme "champs" pour fournir aux habitants
locaux -plutôt fortunés et attentifs à la qualité de leur nourriture- des
légumes frais et indigènes. Des supermarchés concluent des accords
d'exploitation de leur toiture avec des entreprises agricoles spécialisées; des
ouvriers agricoles sont engagés.
A Detroit, la logique est toute autre. La terre est largement disponible dans le périmètre même de la cité et la demande ne porte pas tant sur les fruits
que sur l'activité elle-même; les acteurs sont les habitants. Les jardins potagers se multiplient ici comme autant de reconquète d'espaces laissés pour compte; le jardinage devient
une dynamique collective d'appropriation de lieux perdus. C'est cette dimension
sociale qui est souvent mise en avant par les "fermiers" locaux.
Parmi les pionniers de l'urban farming à Detroit figure
Paul Weertz - le compagnon de notre hôte Julie. Professeur de sciences dans une
école pour jeunes mères célibataires, ce sont des objectifs pédagogiques qui
l'ont amené à fonder une ferme au sein même de son
instution scolaire. "Mes inspecteurs m'obligeaient à faire des dissections
en classe, opérations peu appréciées de mes étudiantes.
Alors, j'ai commencé la ferme: potager, verger, ruches, élevage de petit bétail
et de volaille. Les filles apprenaient la biologie et la chimie en travaillant
la terre et en observant le comportement des animaux". Retraité depuis
peu, Paul poursuit son activité agricole sur un grand lopin de terre à
l'arrière de la rue dont il a acquis quelques maisons pour une peau de chagrin.
Avec son tracteur Ford de 1964, Paul fait aussi des ballots de foin dans les prairies de
Detroit. Et tous les samedis matins, il rejoint ses copains activistes au
Farmers Restaurant proche du Eastern Farmer Market, le populaire marché fermier.
MIES VAN DER ROHE
Au centre
de cette ville -Detroit- marquée par le déclin industriel se trouve le
"moderne" Lafayette Park, curieux îlot radicalement différent.
Lafayette Park comporte trois tours de logements et 186 maisons mitoyennes
(un ou deux niveaux) réunies par blocs et reliés par un harmonieux continuum
végétal. Une école primaire et un centre commercial s'ajoutent aux logements. L'architecture
des constructions, combinaison de verre et d'acier, confère à l'ensemble une
identité propre et une unité forte, soulignées par un travail paysager peu
commun. Aussi, ses aspects soigné, entretenu et propre le distinguent des
quartiers voisins.
Ce
développement urbanistique, construit entre 1958 à 1961, est le fruit du
travail d'un trio mené par le célèbre architecte Mies van der Rohe (épaulé par l'urbaniste Ludwig Hilberseimer et le paysagiste Alfred Caldwell) qui mit ici en oeuvre, à grande échelle et budget limité, les
principes de son architecture d'habitat moderniste (ouverture et vue, luminosité
naturelle, simplicité, ...) déjà expérimentés précédemment sur des projets de
taille réduite (dont la maison Farnsworth).
Conçu à
l'origine pour les classes moyennes, le quartier est aujourd'hui prisé par une
population mixte plutôt aisée, attirée par ses qualités propres et sa
localisation en lisière de Down Town. Peu d'habitants semblent accorder de
l'importance à l'identité de l'architecte des lieux, signe de la réussite de
son entreprise.
NB: A propos de la vie actuelle dans Lafayette Park, lisez l'intéressant dossier "Living With Mies" du New York Times. Et sachez que les 3 tours font l'objet d'une procédure de vente forcée (foreclosure).
CENDRES & ESPOIR
En traversant l'impressionnant pont Ambassadeur qui relie
Windsor (Canada) à Detroit (USA), on se demande quelle ville on va découvrir. La
lecture de quelques articles de presse (dans Le Morgen, le Monde et le blog
"Detroit Je t'aime" -lire notamment: "Nous sommes tous de Détroit") ont aiguisé ma curiosité. Sur la gauche
apparaissent quelques grosses installations industrielles, sur la droite la
skyline de Down Town. L'autoroute 94, prise en direction du Nord-Est, ne laisse
pas deviner la ville. Nous refaisons, avec notre hôte Julie - rencontrée via la
plateforme AIRBNB (heureuse rencontre)- le chemin inverse, par l'intérieur de
la ville et c'est alors que celle-ci se dévoile, me faisant penser à une ville
touchée par une guerre ou un tremblement de terre, un peu comme le centre de
Managua durant les années '80. Une ville sans densité, quelque peu désertique,
où le vert sauvage a pris le dessus sur les quartiers. On devine les
alignements anciens; quelques maisons de bois éparses sont occupées; d'autres
s'écroulent, incendiées ou non. L'essentiel a été rasé. Cette configuration
s'étend sur l'ensemble de la ville, laissant parcimonieusement place à quelques
espaces de concentration d'activités et de vie: Hamtramck, Indian Village, Lafayette Park, le quartier mexicain, Down Town.
Speramus Meliora Resurget Cineribus: la devise de Détroit
a été choisie à la fin du 19ième siècle, au lendemain d'un incendie ravageur.
Aujourd'hui à nouveau, elle la caractérise: les cendres et l'espoir! Motortown
n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les gratte-ciels du centre historique
rappellent la prospérité passée; les usines à l'abandon -Packard Plant est
remarquable- et surtout, la succession interminable de terrains vagues
anciennement bâtis témoignent du déclin présent, encore accentué par la crise
des sub-primes. L'espoir, on le trouvera surtout dans les récits entendus et
quelques signaux aperçus. Comme il ne reste plus grand chose, beaucoup est à
faire et tout semble possible. De
nouvelles activités surgissent (atelier/magasin de reconstitution de
vélo, les fameuses fermes urbaines, ...), reposant sur le recyclage, les
économies et la créativité, préfigurant ce qui pourrait être un développement
plus durable que celui de l'Amérique de la consommation et de la production
effrénées. De jeunes diplômés des grandes villes de la Côte Est viennent s'installer ici, attirés
par l'accessibilité de l'immobilier et l'environnement créatif. Le mouvement, même
s'il est marginal et paraît peu impliquer la communauté Afro-Américaine, est
amorcé.
C'est une ville touchante que nous avons découverte, que
nous suivrons et tenterons de faire découvrir à notre tour (ML).
SHOW
Au Québec, le rire est, aussi, une industrie: pléthore
d'humoristes professionnels, puissantes sociétés de management, nombreuses
émissions télé, féstivals du rire, etc. Le dynamisme du secteur tiendrait d'une
affirmation renouvellée de l'identité culturelle québécoise. Présents à
Montréal lors de son Festival annuel du Rire, nous avons assisté à la Parade urbaine
"Terra Karnaval", présentée comme l'une de ses manifestations. Si le lien avec
le rire n'était pas direct, certaines présentations
étaient belles, voire spectacualires. Le défilé nous a toutefois paru peu
spontané, trop encadré. Un show visuel davantage qu'une fête (ML).
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